Interviews
nterview de Gaël Giraud publié par "Atlantico" le 8 janvier 2017
La finance est-elle plus morale qu’en 2008 (et mérite-t-elle vraiment
les projets de méga-taxation de la gauche) ?
Atlantico : Montebourg veut taxer les banques à hauteur de cinq milliards d'euros sur leurs profits. A-t-il raison de vouloir les taxer à ce point ? Quels dangers économiques cela pourrait-il soulever ?
Gaël Giraud : Il convient, je crois, de commencer par comprendre l'usage que le candidat de la primaire à gauche, Arnaud Montebourg, entend donner à l'argent qu'il compte prélever sur le secteur bancaire. Il s'agit, à ses yeux, de financer la transition écologique, en particulier son volet énergétique. Nul doute que ce soit là un enjeu déterminant, et l'on est frappé par l'absence de ce sujet dans ce qui tient lieu de débat dans cette campagne présidentielle. Pourtant, les comptes-rendus de la communauté scientifique sont on ne peut plus clair : le dérèglement écologique ---climatique notamment--- est à coup sûr la menace la plus importante qui pèse, dès aujourd'hui, sur la prospérité présente et future des Français. Un rapport du climatologue Hervé Le Treut le montre : dans moins d'une génération à présent, le climat de Bordeaux sera celui que connaît Séville aujourd'hui.
Cela veut dire qu'il n'y aura plus de vin de Bordeaux en Aquitaine, et que le maire de cette ville devra tôt ou tard construire des digues pour protéger les très belles façades du centre-ville de la montée du niveau de la Garonne (peut-être 2 mètres au cours de ce siècle)... Plus généralement, les agriculteurs français au sud de la Loire le constatent tous : nous allons inexorablement vers des climats plus secs, où l'approvisionnement en eau potable promet de devenir problématique et où les paysages de notre pays vont être radicalement bouleversés. Les chênes, qui sont en voie de disparition dans la plus grande partie de l'Espagne, commencent d'ores et déjà à se raréfier dans la Creuse. Et il faudrait mentionner l'érosion des sols qui prend des proportions alarmantes en Italie, et ne manquera pas de s'accélérer en France, ou encore l'érosion du littoral français qui est déjà un souci... Et je ne fais qu'évoquer les départements d'Outre-Mer pour qui la catastrophe environnementale est déjà une réalité présente.
Autrement dit : chaque candidat peut bâtir des plans grandioses pour prétendre assurer l'avenir de nos compatriotes, s'il n'adresse pas la question décisive de l'environnement, nous savons d'ores et déjà qu'il ne pourra pas tenir ses promesses, et qu'il prépare un avenir très problématique pour les décennies qui viennent. Qui plus est, l'Agence Internationale de l'Energie est également sans détour dans son dernier rapport : si le prix du baril ne remonte pas très vite, le sous-investissement de l'industrie pétrolière depuis 2014 promet d'accélérer le pic du pétrole mondial (techniques non-conventionnelles incluses) : celui-ci pourrait être atteint dans quelques années. L'impossibilité d'augmenter le pétrole à notre disposition et les dégâts environnementaux n'en rendent que plus urgente la nécessité de nous libérer de l'emprise du pétrole et d'adapter notre économie à cette nouvelle donne.
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