L'Europe des biens Communs
« Gaël Giraud : l’Europe des biens communs »
Les carnets de l’économie, France culture
20 mars 2013
Gaël Giraud a publié « l’Illusion financière » aux éditions de l’Atelier. Son cadre de réflexion est le continent européen. GG propose comme scénario de sortie de crise une hypothèse politique et économique qui est celle de l’Europe des biens communs.
Le problème politique sous-jacent à la difficulté pour l’Europe à exister comme projet provient du fait que l’Europe est conçue comme un grand projet politique, alors qu’elle n’a pas de vraies structures politiques, elle n’a que des structures éco qui ont été privatisées par de grands acteurs privés, comme le secteur bancaire principalement
La banque centrale européenne (BCE) est inféodée aux intérêts immédiats des banques privés. La création monétaire devrait avoir pour cible l’intérêt général. Sous couvert de lutter contre l’inflation, son mandat inavoué, c’est protéger les intérêts des banques. La BCE défend les intérêts des banques. Il y a privatisation du projet européen.
L’objectif à poursuivre n’est pas de retourner au collectivisme. Une voie médiane peut être suivie avec la notion de bien commun promue par Eleanor Ostrom.
Un bien commun est un bien destiné à tous, mais qui peut être privé, sa privatisation peut conduire à sa destruction.
Par exemple, un étang peut être exploité par une tribu vivant de la pêche. On tue la faune piscicole, si on pêche tout le poisson. C’est ce qui se passe in concreto dans les océans, si on continue de prélever, il n’ y aura plus de poisson comestible d’ici 2040-2050.
En Europe, la monnaie pourrait être tenue pour un bien commun. Il faut assujettir la BCE à une véritable puissance publique articulée avec le Parlement européen et une forme de gouvernement incluant les ministères des finances, qui donnerait une rôle subalterne à la Commission européenne, qui a trop de pouvoir (administration/exécution, initiative législative). Les décisions de la BCE doivent être prises aux termes d’une négociation politique.
Deux autres biens communs pourraient être promus en Europe : l’énergie – il faudrait lancer la transition énergétique -, et le travail.